Hommage à Charles NEDELEC

Plusieurs décennies se sont écoulées depuis les premières années de régates locales au YCS et pourtant je continue à détester le patron du comité de course de l'époque, Charles Nédélec : un breton effroyable, têtu comme une mule.

Sur la forme : casquette à visière, la soixantaine, le look sérieux, jeans et vareuse bretonne sombre, sûr de lui et ...breton dans le moindre lever de verre ! Embarqué sur le bateau Comité, il était im-pé-rial ! "Gare aux contradicteurs" semblait proclamer toute sa personne, solide comme un petit bloc de granit déterminé.
Sur le fond, il était l'oncle, le tonton chéri de la famille Sénard, Jean-François (Anatole/Toto) et Jean-Jacques, frères fondateurs du YCS dont il ne demeure plus que ce dernier. C'étaient des étrangers, Bretons de Paris, néanmoins sympathiques. Le Tonton les rejoignait dans la villa familiale de Tamaris en été et, depuis là, il régnait sur les lignes de départ des régates aux Sablettes, toute la saison ... Inévitable !

Je ne sais pas aujourd'hui mais jusqu'à mon dernier Masters Mondial en Finn à Cannes en 2004, il valait mieux qu'une ligne de départ soit légèrement avantagée à la bouée sous le vent. On pensait tous ça... Sauf Charles, qui était persuadé du contraire... Dans les années lointaines, les syndicats de régatiers avaient moins d'importance qu'aujourd'hui : ce diable de Nédélec avantageait toujours un départ au bateau Comité, organisant du même coup un assemblage de coques, de cris, d'injures dans un entonnoir qui faisait le ravissement des journalistes embarqués. Tous, même la famille, le haissait pour ces lignes mal disposées. Systématiquement.
Cent fois, nous avons tenté de le convaincre sans jamais le persuader de douter. Un breton , ça ne doute pas ! Il souriait à ces jeunes, Petton, Balança, Dahon, Marcaillou, Sénard, Seitert, Gallian et autres, jamais contents... et ne bronchait pas d'un pouce.

Aujourd'hui, je le remercie pour son travail aux noms de tous les gamins qui l'ont voué aux Gémonies, à cette époque. Il était dévoué, aimable, toujours présent, chaleureux, ne comptant sur personne, donnant du temps à en revendre, désintéressé, actif... on pouvait toujours compter sur lui... un pur bénévole.
Merci Charles !
(et vive la Bretagne ! )

Signé : Jean Campanella